Pesticides have long been the object of public policies that seek to guarantee that their toxic effects will not harm the human populations. Yet, over the last twenty-five years, data produced by a number of epidemiological studies conducted outside the marketing approval process give rise to questions about just how solid these guarantees are. Read More
Pesticides are by definition dangerous products. For this reason, they have long been the object of public policies that seek to guarantee that their toxic effects will not harm the human populations exposed to them. Yet, over the last twenty-five years, data produced by a number of epidemiological studies conducted outside the marketing approval process give rise to questions about just how solid these guarantees really are. They have progressively revealed that the populations most exposed to these products (farmers and agricultural workers) have increasingly high risks of developing a range of chronic pathologies, including neurodegenerative diseases, hematologic malignancies, or prostate cancer.
Explanations for this discrepancy often focus on the links between the interests of the agencies responsible for evaluating pesticide risks and the industry representatives selling them. Although this explanation is far from being unfounded, as we can see in the case of glyphosate, it nevertheless obscures another, even more profound. The industry's pressure on public health agencies is all the more likely to be successful when they all share a fundamental belief which structures what is analyzed and what is not. They are convinced that although these products are dangerous, farmers can protect themselves if they follow "good practice", which is supposed to guarantee "controlled use" of these products. In other words, the evaluation methods are in themselves toxic.
Introduction
Vision microscopique, vision macroscopique : l'ignorance paradoxale des liens entre pesticides et santé des agriculteurs
Risque vs danger : « bonnes pratiques agricoles » et « usage contrôlé des pesticides »
Rendre visible et laisser dans l'ombre
Réflexivités : pour une approche historicisée de l’institutionnalisation de l’ignorance
L’enquête : voir, savoir, pouvoir
Le plan du livre : une histoire transatlantique des controverses sur l’hygiène agricole
I – L’ORDRE DE LA MESURE : LES ORIGINES AMÉRICAINES DE L’HYGIÈNE AGRICOLE
Chapitre 1 – Faire du champ un laboratoire : la genèse de l’hygiène agricole aux États-Unis
Rendre mesurable : de la santé du consommateur à celle du travailleur
D’indispensables « poisons économiques »
La pomme empoisonnée : la protection des consommateurs comme enjeu du gouvernement des pesticides
Les agriculteurs sentinelles : la résistance des pesticides à la pax toxicologica
Pax expologica : l’hygiène agricole et le gouvernement des corps
Hiérarchiser et rassurer
Mesurer à même le corps : l’individualisation de la prévention
Le bruit du Printemps silencieux : l’érosion du consensus sur les pesticides
Chapitre 2 – « Un problème de santé publique des plus intrigants » : les tensions épistémiques et politiques autour de la mesure
des contaminations en « réentrée »
De l’importance d’une problématique « résiduelle »
De mystérieuses intoxications
Un problème de santé publique ?
Des statistiques à la politique : la réentrée comme enjeu de mobilisation collective
Mesures contre mesures
Relativiser et prédire
Le nouvel esprit de l’hygiène agricole
Différences épistémiques et différends politiques
Chapitre 3 – Retour à l’ordre : l’hygiène agricole disciplinée
Bellum expologicum : l’hygiène agricole en période de désordre réglementaire
Des délais en débats
Contestations institutionnelles
Désenclaver la mesure
Mesure d’exposition réglementaire, mesure d’exposition réglementée
La mesure de l’exposition comme point de passage obligé de la commercialisation des pesticides
Discipliner les travailleurs : l’évaluation des risques et ses scripts
Discipliner les savants : la routinisation de la mesure
II – LA MESURE DU DÉSORDRE : L’HYGIÈNE AGRICOLE À L’ÉPREUVE DES DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES EN FRANCE
Chapitre 4 – Surveiller à l’oeil nu : une brève histoire du contrôle des pesticides en France au xxe siècle
Les effets des pesticides dans l’ombre du développement agricole
Un vieil enjeu de santé publique
L’exceptionnalisme des politiques de santé au travail en agriculture
Un risque professionnel périphérique
Surveiller et contenir
Les pesticides sous l’oeil inquiet des institutions agricoles
Mesurer sans dosimètre : la non-circulation transatlantique des savoirs sur l’exposition professionnelle aux pesticides
À la remorque du marché commun
Chapitre 5 – Quand la mesure sort du laboratoire : la production épidémiologique de données d’exposition gênantes
L’exposition sous le regard des épidémiologistes
Le raisonnement épidémiologique face aux limites de la mémoire
En marge de l’« école de Villejuif »
« Observer les corps, délier les langues »
Les industriels et les ficelles de l’hygiène agricole
De la biostatistique à l’hygiène agricole : la découverte du terrain
Entre évaluation des risques et approche épidémiologique : un conflit de perspectives
De la métrique à la critique
La critique réinscrite dans l’horizon de l’usage contrôlé
Chapitre 6 – La neutralisation des données gênantes
Les conditions institutionnelles de la prise en compte administrative des données gênantes
Sélection : la conversion des données gênantes en alerte sanitaire
Circulation : la prise en charge administrative de l’alerte
Dissensions : la déstabilisation des routines de l’évaluation des risques professionnels liés aux pesticides
L’impossible désenclavement
Restaurer la croyance institutionnelle dans l’usage contrôlé des pesticides
L’hermétisme des arènes réglementaires
Un relais protestataire ambigu
Conclusion
Bibliographie
Liste des acronymes
Table des documents
Remerciements