Bulgaria was an exception; a state allied with the Reich that refused to deport its Jewish community. This image of Bulgaria during WWII has persisted until the present day, overlooking the fact that in the Yugoslavian and Greek territories occupied by this country between 1941 and 1945, almost all the Jews were rounded up, sent to Poland, and exterminated.
The result of a vast documentary and archival investigation, Nadège Ragaru has pieced together the origins of what was long assumed to be factual because it was widely believed. It explains why a single aspect of a complex and contradictory history was emphasized in the transmission of history. She shows how the deportations, although not expunged, were considered secondary in public discourses, museums, history books, and the arts. She looks at how writings on the persecutions of Bulgarian Jews became caught up in the Cold War and then the political and memorial struggles of the post-communist period in the Balkans and the rest of the world.
Deeply original in its approach and in its style, this historical investigation is an exemplary reflection on the silences of the past.
Introduction
Du « sauvetage des Juifs bulgares » et de l'exceptionnalité nationale : l’énigme d’un sens commun
Savoirs de la justice, de la fiction et de la controverse : des fragments sans dévoilement
Les contours spatio-temporels de l’enquête : pointillés, hachures et manques
Les nationalisations du passé par internationalisation : voix juives et non juives
Une sociologie historique de la guerre froide : mobilités, heurts et contingences
Chapitre 1 – La production judiciaire d’un récit des persécutions antijuives : la genèse d’une narration héroïque
Juger en temps de guerre : les missions contradictoires de la justice
L’(in)visibilisation des crimes antijuifs dans les « procès généraux »
La construction d’une cause judiciaire par les Juifs communistes bulgares
Le dessin de la scène judiciaire : les inculpés, les procureurs et la cour
Salle 11. Instantané
Les Allemands, les fascistes et le « bon peuple » : dessiner le périmètre de la culpabilité
Un fasciste est un antisémite... et réciproquement
L’euphémisation de la souffrance juive, produit du conflit entre communistes et sionistes ?
La postérité du tribunal : une élision centrale
Chapitre 2 – La déportation des Juifs du Belomorie à l’écran : négocier une lecture « socialiste » de la guerre
Édifier les masses en Bulgarie et en RDA : des cinémas politiques à armes inégales
Les présences élusives de la Shoah sur les écrans est-allemands et bulgares
Une coproduction, deux institutions, plusieurs agendas
Konrad Wolf et Angel Wagenstein : deux parcours croisés
Notes de tournage et autres digressions
Script, story-board et film : les effets de coupe et de cadrage
Deux guerres si différentes : le combat antifasciste et la résistance vus depuis la Bulgarie
Négocier une lecture est-est du nazisme : une germanité polychrome ?
Des destinées juives en mode mineur
La passivité juive, une affaire de genre ?
Des signes chrétiens pour une souffrance juive ? L’émergence d’un répertoire global
Chapitre 3 – La déportation des Juifs des territoires occupés : les mystérieux voyages d’une archive de 1943
Apposer des mots sur des images qui font silence : le jeu des inventaires archivistiques
Un film sans auteur et sans consigne ?
On n’y voit rien : regarder des cadres qui résistent à l’analyse
Du document à la production d’une preuve judiciaire : l’affaire Beckerle
La coopération judiciaire bulgaro-israélo-américano-ouest-allemande, un récit de guerre froide
Un documentaire sur l’affaire Beckerle ? Au croisement des arts et du renseignement
La diplomatie culturelle du « sauvetage des Juifs bulgares »
Quand le « sauvetage » passe à l’Ouest
Où tombe le rideau de fer ? Sofia-Washington-Jérusalem, les arts de la rareté et du désir
Chapitre 4 – Négocier une juste présence du « sauvetage » et des déportations : les controverses mémorielles de l’après-1989
La polyphonie retrouvée du passé : de l’OKPOE à Shalom, des vérités en (in)division
Quand l’histoire s’expose sur la scène médiatique
Qui écrira notre passé ? La renégociation des territoires du récit historique bulgare
Heurts de mots et de pierres dans les communautés juives originaires des Balkans
L’« affaire Blagovest Sendov » : la « forêt bulgare » dans le champ politique interne
Dimitar Pesev : une nouvelle topographie du souvenir
Chapitre 5 – Des disputes fécondes ? Mobilisations transnationales et institutionnalisation d’un espace de dissensus
Universitaires, experts et militants dans les recompositions du champ historiographique
Aux origines des controverses bulgaro-macédoniennes sur la Shoah
Les enjeux historiques et mémoriels saisis par les institutions européennes
Jeux d’échelle, jeux de quilles : la politique historique bulgare en débat
Se souvenir de la Shoah pour lutter contre l’antisémitisme : un espace de convergence ?
« Éclairer d’une lumière plus forte le chemin du futur » : sous le projecteur de l’intégration euro-atlantique
Conclusion
Contentieux historiographiques
Parler de la Shoah, c’est-à-dire d’autre chose
Voix juives dans l’écriture du passé
Défis d’écriture : feuilleter le temps, dire le vu
Annexe
Remerciements
Table des documents
Sources
Bibliographie sélective