Le dossier de ce numéro prolonge les analyses féministes sur le travail invisible en s'intéressant, au-delà du travail domestique, aux processus d'invisibilisation du travail en cours dans différents espaces sociaux, pour certains relativement nouveaux. L'article de Fabrice Guilbaud et celui de John Krinsky et Maud Simonet portent, respectivement, sur les mécanismes de déni du travail effectué par les détenu(e)s et par les bénévoles et les allocataires de l'aide sociale dans les parcs de New York. A contrario, le texte de Dominique Vidal et Isabel Georges et celui de Romain Pudal examinent les phénomènes récents de visibilisation, sur les plans juridique et social, de catégories de travailleurs jusque-là non reconnus comme tels : les « nounous » et travailleuses sociales au Brésil et les pompiers volontaires en France. Si ce dossier souligne les limites et les résistances, à la fois objectives et subjectives, à la visibilisation, il permet d'approfondir deux questions : celle de l’extension du domaine de l’invisible de l’espace domestique à celui de l’espace public et celle des liens entre rapports sociaux et formes d’invisibilisation du travail.
DENI DE TRAVAIL. L'INVISIBILISATION DU TRAVAIL AUJOURD'HUI
Introduction
John Krinsky, Maud Simonet
La formalisation de l'emploi à l’épreuve du travail invisible
Deux cas de figure de travailleuses de service au Brésil
Isabel Georges, Dominique Vidal
La servitude et le volontaire : les usages politiques du travail invisible dans les parcs de la ville de New York
John Krinsky, Maud Simonet
Travailleurs inachevés et syndicalisation paradoxale : ce que nous apprend le cas des pompiers volontaires
Romain Pudal
Contester et subir : formes et fondements de la critique sociale des travailleurs détenus
Fabrice Guilbaud
Hors dossier
L’État selon Pierre Bourdieu
Rémi Lenoir
Les sciences sociales : Métier et vocation
Science de la science de l’État : la perturbation du chercheur embarqué comme impensé épistémologique
Thomas Alam, Marion Gurruchaga, Julien O’Miel