En 1962, Guy Michelat et Jean-Pierre H. Thomas ont menée une enquête, novatrice à l'époque, utilisant les techniques de la psychologie sociale pour étudier le nationalisme. Read More
Le nationalisme est, dans la France des années 1960, une idéologie particulièrement intéressante à étudier. Les méthodes traditionnelles ne permettent qu'imparfaitement de définir les options individuelles qu’il recouvre et d’analyser le courant de pensée qu’il constitue : elles ne peuvent pas, en particulier, faire découvrir la manière dont il a été ressenti ni les attitudes auxquelles il correspond.
Guy Michelat et Jean-Pierre H. Thomas ont, à l’occasion d’une table ronde sur les nationalismes contemporains, réunie par l’Association française de science politique les 25 et 26 mai 1962, entrepris une enquête pilote qui utilise les techniques de la psychologie sociale : ce volume en présente le rapport.
L’analyse hiérarchique des réponses à un questionnaire rempli par des étudiants français a permis d’obtenir un certain nombre d’échelles d’attitude correspondant à des variables du nationalisme, et à des variables politiques ou psychologiques en relation avec les attitudes nationalistes. L’analyse factorielle des corrélations entre les scores d’échelle met en évidence un facteur principal interprété comme un facteur droite-gauche. La liaison observée entre ce facteur, la conscience qu’ont les sujets d’appartenir à la droite, au centre ou à la gauche, et leurs attitudes, conduit à formuler deux hypothèses : 1) le nationalisme n’est qu’une composante d’une attitude politique plus vaste ; 2) il existe un continuum d’attitude entre deux pôles diamétralement opposés : la droite et la gauche.
L’analyse des classes latentes de Lazarsfeld devait aboutir à un résultat comparable. Mais il restait à situer le nationalisme le long de ce continuum : un essai de typologie montre que, sous des formes spécifiques et à des degrés différents, attitudes et comportements nationaliste se manifestent à gauche comme à droite.