Entre la signature des accords de Grenelle et la grande crise du milieu des années soixante-dix, la répartition des revenus primaires dans les entreprises industrielles françaises s'est profondément modifiée. Lire la suite
Entre la signature des accords de Grenelle et la grande crise du milieu des années 70, la répartition des revenus primaires dans les entreprises industrielles françaises s'est profondément modifiée. Contrairement à une opinion répandue, l'accélération de l'inflation n'a pas eu pour effet d'enrichir les entreprises, en leur permettant de gonfler artificiellement leurs marges, en dévalorisant systématiquement leurs dettes, ou de toute autre façon. S'appuyant sur l'analyse de plusieurs milliers de comptabilités privées, mises à leur disposition par la Centrale de bilans de la Banque de France, les auteurs mettent en évidence les stratégies des parties prenantes dans le partage du produit social — État, banquiers et partenaires sociaux —, et décrivent le processus qui conduit progressivement à la paralysie de l'investissement industriel. Dans le prolongement de cette évolution, la tentative, implicite dans le plan Barre, de retourner les tendances de la répartition depuis 1968, prend tout son relief, sans pour autant permettre jusqu'en 1978 une reconstitution normale des marges bénéficiaires, condition d'une reprise satisfaisante de l'investissement productif privé.