Cet ouvrage s'intéresse aux nombreux processus de médiation qui s'exercent tout au long de la chaîne allant des producteurs culturels jusqu'aux enfants. Il fait dialoguer des offres culturelles très différentes: séries télévisées à succès, édition jeunesse, musées, théâtres, orchestres d’enfants, actions des cinémas d'art et d'essai. Lire la suite
Cet ouvrage est issu d'une recherche collective financée par le ministère de la Culture (département des études, de la prospective, des statistiques et de la documentation), et réalisée par une équipe de chercheuses et chercheurs sous la direction de Florence Eloy : Stéphane Bonnéry, Samuel Coavoux, Rémi Deslyper, Frédérique Giraud, Tomas Legon, Muriel Mille et Véronique Soulé.
Comment la culture vient-elle aux enfants ? Les discours sur la transmission culturelle relèvent souvent de deux registres antagonistes. Les enfants sont tantôt dépeints comme les victimes des industries culturelles, supposées à l'origine d'une aliénation d’autant plus grande que le jeune âge de ce public le priverait de défenses cognitives, tantôt comme des consommateurs de biens culturels autonomes et libres. À l’ère numérique, cette polarisation des discours est plus forte que jamais.
Pour ouvrir le débat, cet ouvrage s’intéresse aux nombreux processus de médiation qui s’exercent tout au long de la chaîne allant des producteurs culturels jusqu’aux enfants. Pour mieux les identifier, il prend le parti de faire dialoguer des offres culturelles très différentes, de la série télévisée à succès à l’édition jeunesse en passant par les musées, les théâtres pour jeune public, les orchestres d’enfants et les actions des cinémas art et essai.
L’enquête souligne que ces processus de médiation dépassent largement le champ de la médiation culturelle institutionnelle et existent également au sein des industries culturelles ainsi que dans les familles et les groupes de pairs. Elle révèle en outre les réappropriations et ajustements permanents que les enfants effectuent par rapport aux cadrages qui leur sont proposés par les différents médiateurs. Ce faisant, elle questionne la pertinence de frontières considérées parfois comme infranchissables, notamment entre champs marchand et non marchand, pour mettre en perspective le processus de médiation qui se produit dans tous les cas.
Introduction
Décloisonner les médiations culturelles
La médiation tout au long des chaînes de coopération culturelle
La médiation au-delà des institutions
Étudier les médiations en direction de l'enfance
Chapitre i
Les médiations comme chaînes de cadrages et d'appropriations croisés
Illustrer un processus de réappropriations croisées : le cas des stéréotypes de genre dans Virus
Écrire à la première personne avec un personnage du sexe opposé : d'un simple « jeu d'écriture » à l’espoir de combattre les stéréotypes de genre
Les intermédiaires : des réinterprétations successives du genre des lecteurs visés
Les effets retours des critiques de blogs sur le choix de l’inversion genrée
Les manières distinctes dont les lecteurs et lectrices se saisissent des stéréotypes de genre dans leur réception
De la médiation comme profession à la médiation comme concept sociologique
Les tentatives d’encadrement de la réception par les producteurs et les intermédiaires culturels
Un effet limité des cadrages proposés par les professionnels de la culture
Chapitre ii
Des professionnels en quête de reconnaissance
Un secteur jeune public en manque d’autonomie et de reconnaissance
Un manque de reconnaissance
Produire pour les enfants, une vocation par défaut ?
Un secteur très féminisé
La médiation, une fonction dominée
L’absence d’autonomie face aux producteurs
Une fonction féminine ?
Médiateur, une position d’attente ou de repli par rapport à la production
Les qualifications des médiateurs : le primat accordé aux compétences artistiques
Chapitre iii
Vivre la domination. Positions et prises de position des professionnels de la culture s’adressant aux enfants
L’affirmation d’une qualité artistique de la production pour l’enfance
Une culture pour enfants mise sur le même plan que celle dédiée aux adultes
Retourner le « stigmate de l’adressage »
La valorisation d’une posture éducative
Quand la dimension artistique est déniée au profit d’un accompagnement des enfants
L’intermédiation, une forme d’excellence
Ignorer la domination ?
Chapitre iv
Le millefeuille du public jeunesse : de la fausse évidence de l’adressage aux enfants
Un adressage multiple
Des parents et des enfants
Parler aux professionnels
Heurs et malheurs du « ciblage » jeunesse
Des rapports hétérogènes aux catégories d’âge
Un adressage genré rarement revendiqué
Des positionnements ambigus concernant la diversité sociale des jeunes publics
Chapitre v
Éduquer à l’art, éduquer par l’art : multiplicité des enjeux de la culture en direction des enfants
et brouillage des objectifs
Éduquer par l’art : une doxa largement partagée
Informer et faire réfléchir
Finalités sociales et politiques : former le citoyen, transformer la société
Travailler les dispositions, en particulier en milieux populaires
Éduquer à l’art : faire accéder à la culture, transmettre des schèmes de pratiques et d’appréciation
Diffuser au plus grand nombre des biens ou des pratiques culturels dits « de qualité »
Former l’amateur culturel éclairé : focus sur les procédés d’intertextualité et d’allusions culturelles
Organisation des médiations et brouillage des objectifs
Réinterprétations et appropriations diverses des objectifs par les différents acteurs d’une même chaîne
Quand l’activité de médiation devient une fin en soi
Chapitre vi
Les écarts entre les conceptions de la médiation et les appropriations effectives
Promouvoir les dispositions culturelles « spontanées » des enfants
Une volonté de créer de la proximité avec l’univers des enfants
L’anticipation d’une réception « participative »
Entrer ou non dans les logiques d’identification
L’impératif du « fun »
Faire participer
La participation pour garantir l’investissement et l’intérêt des publics
La participation comme accès plus facile à des modalités de réception formelle ?
S’appuyer sur les bons prescripteurs : relais horizontaux et numériques
La médiation en quête de « relais » par les pairs
Le numérique comme nouvel « effet fort » magique
Conclusion
Un regard renouvelé sur les médiations culturelles en direction des enfants
Quand les médiations s’adressent à un public aux caractéristiques différentes de celles des producteurs et des intermédiaires : questionner l’appréhension sociologique des processus de circulation des biens culturels
Une relecture des modes de classification sociologique des biens et des secteurs culturels
Les limites de l’enquête comme éclairage sur les médiations culturelles en direction des enfants
Faire dialoguer différents champs d’étude de la sociologie
Annexe i
Présentation des terrains
Les orchestres d’enfants (Rémi Deslyper et Florence Eloy)
Le théâtre jeune public (Rémi Deslyper)
Les albums jeunesse (Stéphane Bonnéry, Florence Eloy et Véronique Soulé)
Le dispositif Cinémas indépendants médiation (Tomas Legon)
L’ensemble romanesque pour adolescents Virus (Stéphane Bonnéry, Samuel Coavoux, Florence Eloy,
Sébastien François, Tomas Legon, Muriel Mille)
La série Une place au soleil (Muriel Mille pour la production et l’intermédiation/coordination. Samuel Coavoux, Florence Eloy, Sébastien François, Tomas Legon et Muriel Mille pour la réception)
Musée (Samuel Coavoux)
Le musée virtuel pour enfants Eoz (Frédérique Giraud)
Annexe ii
Tableau des enquêtés cités dans l’ouvrage
Bibliographie