"Les clichés sur Dubaï ne manquent pas. Ville bling-bling, cité de l'hyperconsommation, tourisme tapageur… Après plusieurs enquêtes sur place, la sociologue Amélie Le Renard profite de son dernier ouvrage, Le Privilège occidental. Travail, intimité et hiérarchies postcoloniales à Dubaï, pour nuancer cette vision simpliste, voire teintée, dit-elle, de «néo-orientalisme». [...]Le propos, à la première personne du singulier, n’est jamais
surplombant. Le résultat est un livre dont le constat dépasse de loin Dubaï, qui n’est finalement qu’un microcosme, qu’une représentation à petite échelle des relations très hiérarchisées dans un monde globalisé où la prédominance occidentale perdure bien après les décolonisations." Catherine Calvet
"Résultat d'une longue étude de terrain (entretiens et observations participantes), l’ouvrage de la sociologue Amélie Le Renard s’intéresse à la place des expatriés français sur le marché du travail de Dubaï. Il montre comment, dans cette "ville carrefour d’une globalisation postcoloniale" où 90 % des habitants sont étrangers, se perpétuent des formes d’hégémonie occidentale." Nicolas Appelt
La sociologue Amélie Le Renard a enquêté sur la blanchité et l'occidentalité, très valorisée et privilégiée sur le marché du travail mais aussi dans la sphère intime à Dubaï au Emirats-Arabes-Unis. Elle raconte son enquête dans l'émission "Un monde à vif" de Mediapart.
"Dubaï. On a en tête les images stéréotypées d'une ville-entreprise baignée par l’argent, d’un chantier permanent hérissé de gratte-ciel vertigineux et pailleté de malls démesurés. C’est dans ce hub du néolibéralisme démonstratif, dans cette puissance du tourisme de luxe, dans ce pôle d’attraction du commerce global qu’Amélie Le Renard a mené une austère recherche sociologique dont elle a tiré un livre." Caroline Ibos
"Bien plus qu'une leçon de morale, cette enquête saisissante met à jour la manière dont l’inégalité des places se crée et se légitime dans le capitalisme contemporain." Igor Martinache
La blanchité et l'occidentalité sont deux avantages majeurs lorsque l’on vit (ou transite) à Dubaï. Dans la ville-État, avoir un passeport occidental est un plus qui permet de se distinguer des autres élites. C’est ce qu’explique la sociologue Amélie Le Renard dans son dernier livre, publié aux presses de Sciences Po, un ouvrage qui s’appuie sur des entretiens avec plusieurs centaines d’habitants recueillis sur place.
"Plaisant à lire, cet ouvrage met le doigt sur les contradictions intrinsèques de la condition d'expatrié, dans une société capitaliste néolibérale où les lois du marché font foi. Il offre une vision très juste des privilèges liés à l’occidentalité, qui se retrouvent dans bien des pays, et du poids porté par les femmes dans les expatriations familiales." Bénédicte Champenois Rousseau
Liaisons sociales
1 juin 2019
"Dubaï : nouvel eldorado pour les Français ? Dans cette très belle enquête, la sociologue Amélie Le Renard plonge au cœur des inégalités du marché du travail de cette ville des Émirats arabes unis aux multiples nationalités, qui profiterait en priorité aux "titulaires d'un passeport occidental". Si la chercheuse part de l'héritage postcolonial de l’ex-protectorat britannique pour expliquer "cette croyance dans la supériorité des formations et des compétences occidentales", son approche est vivante et très contemporaine. Donnant largement la parole à une centaine de Français installés dans "cette ville-entreprise", son livre montre les nombreux avantages dont ils bénéficient en matière de salaires, de progressions de carrière "parfois fulgurantes" ou de conditions de vie. Si Dubaï s’enorgueillit de son multiculturalisme, la "blanchité" est souvent privilégiée dans l’embauche des entreprises, qu’elles soient indiennes ou dubaïotes, souligne l’auteure. Une faveur qu’elle explique par la volonté de cette ville néolibérale de "promouvoir son image de marque occidentale" avec son industrie basée sur le tourisme de luxe.
Des pratiques de recrutement aux évolutions de carrière, jusqu’au mode de vie parfois luxueux des familles d’expatriés à Dubaï qui emploient des domestiques philippines, la sociologue ausculte les privilèges des Occidentaux et les inégalités "vertigineuses" dans l’emploi, selon les pays. Sans caricaturer le propos (certains témoignages, s’ils illustrent de la possibilité pour un jeune diplômé français de faire carrière rapidement, montrent aussi un fort turnover et des horaires à rallonge dans une ville très peu encadrée par le droit du travail), la lecture des témoignages est passionnante. Amélie Le Renard a interviewé des cadres RH, des chasseurs de têtes, des créatrices de startup, des managers, des jeunes diplômés, expatriés ou embauchés en contrat local, venus chercher un meilleur salaire dans le Golfe… Les récits montrent « un a priori positif » pour les Français – un employeur libanais parle même d’« une plus-value ». Le livre atteste d’un marché du travail discriminant selon la nationalité – en tout cas très concurrentiel – où un manager français ou américain sera mieux payé que son homologue jordanien ou égyptien…
CULTE DE LA REPRÉSENTATION
Pour ceux qui seraient tentés par le chic artificiel de Dubaï et ses salaires confortables, l’ouvrage regorge d’informations sur les codes en vigueur: "networking omniprésent", culte de l’image en entretien, anglais sans trop d’accent: "Il s’agit de performer à l’occidentale", résume l’auteure. Faute de législation, les discriminations selon la religion seraient monnaie courante: "Certains recruteurs ne veulent pas de femmes voilées. Ici, ce n’est pas tabou », confie une chargée de recrutement française. Édifiant." Lydie Colders
"Parce qu'Amélie Le Renard croise les approches postcoloniales et les études intersectionnelles pour étudier un objet – Dubaï – rarement envisagé sous cet angle, son enquête est passionnante. La clarté de son argumentation associée à une grande richesse de récits et de portraits en rendent la lecture très fluide." Romain Lecler
"On a affaire ici à un ouvrage méthodique, didactique, truffé de notions et concepts spécialisés propres aux études postcoloniales et de genre, qui sont cependant toujours soigneusement définis. [...]L'analyse reste accessible et surtout originale. Elle est d’autant plus convaincante qu’elle s’appuie sur des dizaines d’entretiens approfondis dont la diversité et la finesse permettent de constituer une vision dense de la complexité des rapports sociaux à Dubaï." Mehdi Derfoufi
Amélie Le Renard vient de publier aux Presses de Sciences Po (avril 2019) Le privilège occidental, résultat d'une longue enquête sociologique sur la perception des travailleurs occidentaux à Dubaï et les attentes que ces derniers suscitent au sein de la ville émiratie. Extraits
Libération