Une histoire de l'indépendance de la Banque d'Angleterre qui fait aussi revivre l'aggiornamento qu'a connu le système politique et économique britannique, avec ses acteurs, ses temps forts, son arrière-plan intellectuel. Lire la suite
L'indépendance des banques centrales, qui s'est imposée durant le dernier quart du xxe siècle dans la plupart des pays occidentaux, a été longue à se concrétiser au Royaume-Uni.
L’un des plus anciens et prestigieux instituts d’émission du monde, la Banque d’Angleterre, ne s’est vu reconnaître qu’en 1997 le droit de mener la politique monétaire à l’abri des ingérences ouvernementales. Privilégier la lutte contre l’inflation plutôt que celle contre le chômage n’allait pas de soi dans la mère-patrie du keynésianisme. Plus difficile encore était de s’en prendre au « modèle de Westminster », fondé sur la suprématie du Parlement, et de confier à une agence de technocrates non élus un levier clé de la politique économique.
Sylviane de Saint Seine a observé de près ce cheminement, ponctué d’expérimentations et de spectaculaires volte-face, vers l’une des réformes institutionnelles les plus importantes de l’après-guerre au Royaume-Uni. Au travers de la transformation de la « vieille dame de Threadneedle Street », elle fait revivre l’aggiornamento qu’a connu le système politique et économique britannique, avec ses acteurs, ses temps forts, son arrière-plan intellectuel. Elle révèle aussi les influences étrangères – en particulier celle d’Alan Greenspan et de la Federal Reserve américaine – qui se sont alors exercées sur le personnel politique britannique.
Préface d'Howard Davies
Introduction
Première partie – LA MISE EN CAUSE DU STATU QUO
Chapitre 1 – L'effondrement du consensus keynésien
La Commission Radcliffe ou le keynésianisme triomphant
Une économie chahutée
La Commission Wilson réhabilite la politique monétaire
La Banque d’Angleterre est jaugée
Étude comparative des banques centrales des pays développés
Une Banque d’Angleterre indépendante jugée contraire à la « Constitution » du Royaume-Uni
Le modèle de Westminster
Conclusion
Chapitre 2 – Une nouvelle doxa
La pensée libérale en veilleuse dans un monde keynésien
Le discrédit de la courbe de Phillips
L’École des choix publics
Le débat « rules versus discretion »
Les incrédules
Conclusion
Deuxième partie – LES ATTRAITS DES MODÈLES ÉTRANGERS
Chapitre 3 – La Nouvelle-Zélande invente le ciblage de l’inflation
Le contexte : une économie en déclin
La nouvelle mission de la Reserve Bank of New Zealand
La réaction britannique à l’expérience néo-zélandaise
Une renommée planétaire
Bilan d’étape du ciblage de l’inflation
Conclusion
Chapitre 4 – La force d’attraction du modèle américain
Genèse de la banque centrale aux États-Unis
Influences croisées : l’ère de Benjamin Strong (1914-1928)
La Fed s’affranchit du gouvernement avec l’aide du Congrès
Les ambiguïtés du double mandat de la Fed
L’aggiornamento du Parti démocrate et le consensus anti-inflation
Arbitrage entre politiques monétaire, budgétaire et taux de changes
Les critiques à l’égard de la Fed
L’indépendance de la Fed vue de Londres
Conclusion
Chapitre 5 – Le modèle de la Bundesbank contre celui de Westminster
La Bundesbank : une création sous influence anglo-américaine
Les combats de la Bundesbank
Contexte intellectuel : l’ordo-libéralisme
L’ordo-libéralisme et l’indépendance des banques centrales
Vision anglo-saxonne de la Bundesbank
La Banque centrale européenne
Le plan Jenkins
Le plan Delors
Les négociations sur l’UEM vues par les Britanniques
Compatibilité du modèle de la BCE avec le contexte britannique
Conclusion
Troisième partie – CHANCELIERS TORIES : POUR UNE BANQUE D’ANGLETERRE INDÉPENDANTE
Chapitre 6 – Le projet Lawson de 1988… par défaut
Les Conservateurs révisent leur programme économique
Les expériences britanniques avec le monétarisme et leur échec
L’échec de l’arrimage au deutschemark
Première étude du Treasury sur une Banque d’Angleterre indépendante
La proposition de Nigel Lawson à Margaret Thatcher
Le rejet par Thatcher du projet Lawson et la réaction des partis
Conclusion
Chapitre 7 – La conversion de Norman Lamont
Pourquoi Lamont s’est rallié à l’indépendance de la Banque d’Angleterre
L’adhésion de la livre au MCE rebat les cartes
La fin de non-recevoir de Major et les réticences du Treasury
Le deuxième projet Lamont à la lumière du projet d’UEM
L’éviction de la livre sterling du MCE
Norman Lamont met en oeuvre le ciblage de l’inflation
L’indépendance de la Banque de France sert d’aiguillon
Le « Ken and Eddie Show »
Conclusion
Chapitre 8 – Le Parlement envisage une Banque d’Angleterre indépendante
Une Banque d’Angleterre soumise mais influente
Les arguments pro-indépendance identifiés par la Commission
Les anti-indépendantistes
Le témoignage des autres banques centrales
Les recommandations de la Commission
La réponse du gouvernement et la réaction des Keynésiens
Le rapport Roll
Conclusion
Quatrième partie – INDÉPENDANCE DE LA BANQUE D’ANGLETERRE, SYMBOLE DU NEW LABOUR
Chapitre 9 – La conversion travailliste à l’économie de marché
L’aggiornamento du Parti travailliste
Les origines
Naissance du New Labour
L’influence des Démocrates américains sur le New Labour
Balls plaide pour une Banque d’Angleterre indépendante devant la Fabian Society
Le « Groupe de l’hôtel » (The Hotel Group)
Blair et Brown se disputent la paternité du projet
Conclusion
Chapitre 10 – Indépendance sous haute surveillance
Les néo-travaillistes et le Treasury scellent le sort de la Banque d’Angleterre
L’indépendance de la banque centrale selon Brown
L’affrontement Blair-Brown sur une hausse des taux d’intérêt
Les réactions des Travaillistes
Les réactions des Conservateurs
Les réactions des dirigeants de la Banque d’Angleterre et du Treasury
Le MPC fait ses premiers pas
Le Parlement entérine l’indépendance de la Banque d’Angleterre
Conclusion
Chapitre 11 – La Banque d’Angleterre dépouillée du contrôle bancaire
Une réglementation informelle
La déréglementation financière bouscule la Banque d’Angleterre
Le temps des crises
Compatibilité entre politique monétaire et contrôle bancaire
Eddie George au bord de la démission
Une réforme improvisée ; l’option « Twin Peaks » escamotée
Les Conservateurs critiquent la création de la FSA
La Grande Modération
Épilogue à la réforme de la FSA
Conclusion
Chapitre 12 – La décennie faste (The NICE Decade, 1997-2007)
Le MPC s’émancipe
Le rapport Kohn sur le fonctionnement du MPC
Le ralliement des Conservateurs
L’inspirateur de la réforme se félicite de son oeuvre
Satisfecit du Parlement au MPC pour son dixième anniversaire
Un contexte économique favorable
Le schéma de politique monétaire
Le fonctionnement du MPC
La transparence du MPC
« Gordon Unbound »
Le poids des dettes souveraines
Conclusion
Conclusion générale
Annexes
Bibliographie
Index