Lorsque Marx écrivait Le Capital, on pouvait se contenter de raisonner sur la fraction de la population active productrice de plus-value. Depuis lors, les sociétés industrielles développées sont devenues plus complexes. A la population active productrice de plus-value se sont ajoutées, de façon numériquement significative, d'autres fractions de population salariée. Il ne suffit plus d'étudier le capital variable et le taux de la plus-value pour rendre compte de l'évolution du rapport salarial capitaliste et de son incidence sur la rentabilité. L'auteur propose de mesurer le taux d'exploitation, puis le taux de partage entre salaires et profits pour comprendre le rendement d'ensembles salariaux de plus en plus vastes. Les trois taux qu'il retient sont obtenus en associant aux productifs de plus-value (premier ensemble fondamental) les productifs de profit puis, à ces deux réunis, les productifs de services domestiques et administratifs. Prenant appui sur une recherche statistique de longue période, Jean-Claude Delaunay élargit la théorie et montre que, s'il existe une tendance longue à la croissance du taux de la plus-value, en revanche, taux d'exploitation et taux de partage tendent à baisser. A une époque où le marxisme paraît tombé en désuétude, cette contribution renouvelée à l'étude de la crise économique en France et dans les sociétés capitalistes développées ne manquera pas de surprendre et, sans doute, de stimuler d'intéressants débats.