Ce livre montre comment les groupes d'experts qui travaillent à établir des preuves de cancérogénicité sont entravés dans leur action. Lire la suite
En 2025, des dizaines de milliers de substances de synthèse sont utilisées dans l'Union européenne. Il y a parmi elles des composés chimiques auxquels les populations sont exposées chaque jour. Très peu d’entre eux ont fait l’objet d’investigation poussée sur leur caractère cancérogène : en matière d’usage et de vente de ces produits, « innocent jusqu’à preuve du contraire » est le principe moteur des politiques sanitaires.
Dédié à la recherche, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) travaille à établir des preuves de cancérogénicité. Cet organisme n’a pas de pouvoir politique formel, mais lorsqu’il classe un composé comme « cancérogène », la légitimité scientifique qu’il a accumulée oblige a minima d’autres institutions à travers le monde à considérer le problème à leur tour. Comme le montre cette enquête conduite pendant plusieurs années, ces groupes d’experts sont entravés dans leur action : ils ne peuvent structurellement évaluer la quantité de substances en circulation ; leurs méthodes d’analyse occultent des pans entiers d’agents toxiques ; ils sont pris dans des rapports de force entre acteurs scientifiques, politiques et économiques qui entretiennent des controverses sans fin. Comment prévenir le cancer sans avoir les moyens d’en identifier les causes ?
Introduction – Enquêter sur les causes du cancer à partir des sciences sociales
Analyser des jeux de frontières
Prévenir à l'aveugle
Le cancer comme cas limite
Une approche relationnelle de la définition des causes du cancer
Saturation, compétition, standardisation
PREMIÈRE PARTIE – SATURATION
Chapitre 1 – La classification comme rite d’institution
Les coulisses de la science
Domestiquer les données scientifiques
Rapports de pouvoir dans la réalisation du rapport
Conclusion
Chapitre 2 – Mettre les agents à l’agenda
Un îlot de monographies dans un océan d’expositions
Optimiser les ressources disponibles 66
Conclusion
DEUXIÈME PARTIE – COMPÉTITION
Chapitre 3 – Des définitions concurrentes de la cancérogénicité
Définir la cancérogénicité
S’insérer dans les rouages réglementaires
Des listes en compétition
Conclusion
Chapitre 4 – La fabrique des lobbys
Coconstruire une division du travail institutionnel
Faire émerger un lobbying international
Savoir-faire et savoir-être lobbyistes
Conclusion
TROISIÈME PARTIE – STANDARDISATION
Chapitre 5 – Transformer la définition de la preuve
Heurs et malheurs des études animales
Données mécanistiques et mécaniques réglementaires
Les usages industriels de savoirs incertains : la théorie de la « prolifération des peroxysomes »
Conclusion
Chapitre 6 – Découper le monde toxique
Jouer le jeu des conventions existantes
Conventions et responsabilités sanitaires
La bureaucratie moléculaire débordée par l’environnement toxique
Conclusion
Conclusion générale
Bibliographie
Liste des sigles
Remerciements