Les CDI critiquent durement les mutations imposées par le management, mais sans entrer en dissidence. Retraits et luttes alternatives...oui mais les salariés sont finalement en quête d'une appropriation positive de la condition qui leur est faite. Lire la suite
Les indices d'un désarroi des CDI n'ont cessé de s'accumuler dans un contexte où l’ombre portée du chômage et de la précarité s’étend. Ne nous trompons pas cependant de diagnostic devant la souffrance au travail et les mobilisations parfois radicales : les salariés des grandes entreprises jusqu’ici perçues comme protectrices ne sont pas entrés en dissidence.
Aspirés par leur entreprise, ils sont disposés à jouer le jeu, mais critiquent durement les modalités de mise en œuvre des mutations imposées par le management. Pourtant, ces dernières ne forment pas l’enjeu de mobilisations collectives : discontinues et ambivalentes, les luttes se présentent comme « alternatives ».
Réelle, la loyauté des salariés apparaît donc paradoxale car elle n’exclut ni retrait temporaire ni protestation. Mais le rapport au travail s’éprouve dans l’expérience, où c’est la valeur personnelle de chacun qui est en jeu.
Fondamentalement, les CDI d’aujourd’hui sont en quête d’une appropriation positive de la condition qui leur est faite. Or il leur manque les « prises » qui leur permettraient de se forger une nouvelle identité d’eux-mêmes et de constituer des collectifs solidaires.
Introduction LES CDI EN DISSIDENCE ?
Chapitre 1 PAR-DELÀ LA SOUFFRANCE : LA DÉFIANCE ET LES ARRANGEMENTS
Le travail en blanc et en noir
L'expérience salariale en miettes
Des stratégies souterraines d'adaptation
Une contestation formelle du management
Chapitre 2 LA RÉINVENTION DE L’ACTION DIRECTE
La déstabilisation des carrières et des métiers
La grande affaire : la quête de reconnaissance
Le déclin de l’identification au syndicat
L’affrontement direct au mépris
Chapitre 3 L'ATTACHEMENT DU SALARIÉ À SON TERRITOIRE
Le besoin d’un « syndicat pour soi »
Le rempart des avantages acquis
La résistance de l’imaginaire professionnel : le cas de l’industrie électrique
Chapitre 4 L'HEURE DE LA PROTESTATION MORALE
Le devoir de participer, le droit de dénoncer
Les chefs critiqués mais non coupables
Les directions, adversaires secondaires
La défiance à l’égard du marché : le cas limite de l’industrie électrique
Le « système », adversaire sans visage
Conclusion LA LOYAUTÉ PARADOXALE DES SALARIÉS STABLES
Loyauté, protestation, retrait : les trois figures ensemble
L’action collective dans l’impasse ?
L’enjeu de l’action : l’appropriation du changement
Bibliographie
Annexe : les entretiens