Les élections de 1981, qui ont ouvert une nouvelle phase dans la Cinquième République en permettant l'alternance, resteront certainement une référence dans l'histoire politique française. Avant de prendre place, à côté de celles de 1936, dans la mythologie nationale, elles font dès aujourd'hui l'objet d'interprétations polémiques. Pour les partisans de l'expérience socialiste, elles marquent le couronnement d'une évolution nécessaire, portée par un puissant mouvement social et culturel. Pour les adversaires de cette expérience, elles sont plutôt le fruit d'une conjonction fortuite de facteurs circonstanciels. Pour les premiers, elles donnent à la gauche le mandat de réformer la société, pour les seconds, elles débouchent sur un malentendu. L'analyse scientifique qu'effectuent dans ce livre les meilleurs spécialistes de la Fondation nationale des sciences politiques fait justice de ces interprétations simplistes. Elle permet de dépasser la contradiction en faisant la part du hasard et de la nécessité dans la double victoire de François Mitterrand et du Parti socialiste, en 1981. Elle permet surtout de dégager les nouveaux traits de l'électeur français des années 80, d'une grande sensibilité aux enjeux politiques et d'une étonnante mobilité. Prendre en compte ce nouvel électeur, ce n'est pas seulement expliquer la poussée socialiste ou le déclin communiste de 1981, c'est aussi éclairer, dans une large mesure, les mouvements de l'opinion publique et de l'électorat entre 1981 et 1986.