De 1919 à 1936, l'Alsace a connu une vie politique mouvementée. Cette étude, fondée sur des enquêtes statistiques précises et sur un dépouillement systématique de la presse alsacienne de l'époque, permet de connaître les réactions alsaciennes devant la politique française après la réintégration de l'Alsace dans la communauté nationale en 1918. Bien qu'originaire de l'« intérieur », son auteur, qui vit depuis longtemps en Alsace, a voulu comprendre et expliquer le comportement politique des Alsaciens.
Trois faits lui ont paru primordiaux. On notera d'abord que, si la gauche alsacienne était puissante en 1912 lors des élections au Reichstag, elle n'est plus, en 1936, qu'un mouvement affaibli et divisé. En second lieu, le mouvement autonomiste apparaît plus diversifié qu'on ne le dit d'ordinaire. Dû à des difficultés linguistiques et religieuses étudiées en détail, l'autonomisme alsacien semble plus régionaliste que réellement autonomiste, à une époque où l'esprit de centralisation était synonyme d'esprit national et républicain. Enfin, un parti politique semble profiter de la crise de la gauche et du mouvement autonomiste pour établir une primauté qui conduira l'Alsace à une tradition monopartiste qui ne s'est guère démentie depuis.
S'appuyant sur une analyse sociologique et économique serrée, cet ouvrage permet de mieux comprendre les réactions d'une province française dans l'entre-deux-guerres et découvre en même temps une des sources de l'idéologie du Mouvement républicain populaire d'après guerre. Cette étude a obtenu en novembre 1969 le prix du Conseil Général du Haut-Rhin.
Avertissement
Préambule
Introduction
Une administration coloniale à Paris
Du « bureau des pétitions » à celui « des interventions »
Ombres des scripteurs et figures d'écrivains publics
Une histoire coloniale qui « remet le colonial à sa place »
Une diglossie heuristique
À l’échelle de la Kabylie
Structure du récit et parcours de lecture
Akbou, 12 mai 1934
Chapitre 1 – La République au village kabyle
Des communes « mixtes »
Des douars oubliés
Le caïd du douar
La « crise du caïdat »
« L’économie morale » des relations entre les caïds et leurs administrés
Appartenances sociales et « héritages immatériels » occultés
Rue Lecomte, Paris (17e arr.), 4 janvier 1934
Chapitre 2 – « Empêchez l’exode de vos mesquines »
Du « resserrement » au « rapatriement »
Une « émigration inéluctable »
Exigences de contrôles et revendications de la « liberté de voyage »
Circulations kabyles
Les rapatriements comme ultimes recours
Alger, mars 1934
Chapitre 3 – Les répertoires des pétitionnaires
D’innombrables pétitions
Des appels à l’intercession
Un ordonnancement social des adresses à l’administration
Mizan, mars 1936
Chapitre 4 – Des droits à (r)établir
Immigré-colonisé, de quel droit ?
« Trouver son juge en Algérie n’est point toujours facile »
La justice coloniale au miroir de l’émigration
Akbou, 12 septembre 1934
Chapitre 5 – Une terre à défendre
Les formes multiples de la dépossession foncière
Des émigrés à la reconquête de la terre perdue ?
« Décolonisation » des terres et déprise agricole
Commune des Bibans, 4 février 1934
Chapitre 6 – Ordonner les familles
Des femmes misérables et des familles fragilisées ?
Spectre et présence de la roumia
Des enfants illégitimes ?
Conclusion. L’adresse aux autorités comme « art de la présence »
Bibliographie
Remerciements