Une étude de comportements et choix politiques des petits commerçants qui combine l'approche historique, ethnographique et statistique d'une catégorie trop longtemps négligée par les sciences sociales. Lire la suite
Non, ils ne meurent pas, ils se renouvellent à partir d'un petit salariat qui rêve d'être à son compte. Non, ils n'ont pas toujours préféré la droite à la gauche. Non, ils ne sont pas « l'électeur type » de Jean-Marie Le Pen. Autant d'idées reçues à propos des petits commerçants que contredit Nonna Mayer, en combinant l'approche historique, ethnographique et statistique d'une catégorie trop longtemps négligée par les sciences sociales.
C'est leur position intermédiaire et vécue comme telle dans la structure sociale qui rend compte, depuis près d'un siècle, des choix politiques des petits commerçants. Leur vision du monde se réduit à l'affrontement de deux classes et d'elles seules : elle les condamne à s'allier à l'une contre l'autre ou à disparaître. Les dressant contre les salariés en tant qu'indépendants et contre les gros en tant que petits, elle fonde leur identité sur une double négation et sur la nostalgie d'un âge d'or des métiers, sans grandes surfaces et sans usines, sans capitalistes ni prolétaires. Leur vote est toujours un vote « contre », qui varie en fonction de leur degré de proximité à l'égard de ces deux pôles et du rapport de forces qui s'établit entre eux.