La figure de la victime a connu en quelque trois décennies une consécration sociale incontestable. Ce dossier, qui réunit cinq études de mobilisations de « victimes », entend revenir sur cette reconnaissance sociale des victimes devenue évidence, en montrant en quoi la constitution de causes de victimes, pas plus que toute autre forme de mobilisation, ne va de soi, et est un problème scientifique difficile à résoudre pour ceux qui s'en emparent. Comment, en effet, rendre compte scientifiquement de processus qui se donnent à voir au travers du filtre de qualifications morales : « victime », bien sûr, mais aussi, ici, « violence » ? Que faire de l’hypothèse d’une spécificité des mobilisations « victimaires » lorsque toute protestation dénonce une forme d’injustice ? Et la souffrance peut-elle suffire comme fondement de la légitimité d’une attente de reconnaissance et de réparation ?
DOSSIER Les victimes écrivent leur Histoire
Sandrine Lefranc, Lilian Mathieu, Johanna Siméant
Éditorial
Caroline Baudinière
Une mobilisation de victimes illégitimes. Quand les épurés français de la Seconde Guerre s'engagent à l’extrême droite
Éric Savarese
Les mobilisations politiques et posture victimaire chez les militants associatifs pieds-noirs
Henry Sorg
Le massacre des prisonniers politiques de 1988 en Iran : une mobilisation forclose ?
Aurélie Campana
La mobilisation des Tatars de Crimée pour leur réhabilitation : entre légalisme et rhétorique victimaire
Marie-Émmanuelle Pommerolle
Les mobilisations de victimes de violences coloniales : investigations historiques et judiciaires et débats politiques postcoloniaux au Kenya
VARIA
Loïc Blondiaux
Démocratie délibérative vs. démocratie agonistique ? Le statut du conflit dans les théories et les pratiques de participation contemporaines
Sebastiano Maffettone
Guerre juste et intervention armée en Irak
LECTURES CRITIQUES
Yohann Aucante
Reinterpreting Social Democracy. A History of Stability in the British Labour Party and Swedish Social Democratic Party, Jonas Hinnfors