Sans illusion sur la valeur littéraire réelle des chansons de Béranger, ni sur l'intérêt d'un personnage finalement peu attirant, Jean Touchard s'est attaché à comprendre pourquoi la France de la première moitié du XIXe siècle, du salon à la chaumière, a chanté et admiré le « poète national ». En inventoriant l'univers intellectuel et sentimental de Béranger et de ses admirateurs (et aussi de ses détracteurs, à partir du milieu du siècle), il a fait plus que brosser, sous un certain angle, le tableau de la société française de l'époque : il a fait revivre les sentiments et les passions des hommes, du plus illustre au plus humble, et montré comment, au-delà des positions politiques, il peut parfois y avoir un fonds commun d'adhésions et de réactions.