Les décisions de classement au Patrimoine de l'humanité votées récemment par l’Unesco concernant des sites localisés en Israël/Palestine ont provoqué de vives polémiques, jusqu’à l’annonce du retrait de l’Unesco par les États-Unis et Israël. Si ces épisodes sont venus opportunément rappeler la nécessité d’une histoire politique du patrimoine, ils ont aussi mis en lumière la prégnance des dynamiques transnationales à l’œuvre dans les processus de patrimonialisation.
Enjeu de pouvoirs et vecteur de souverainetés emboîtées, l’objet patrimoine apparaît d’autant plus délicat à cerner qu’il ne cesse de se déployer sous nos yeux, à travers une définition toujours plus extensive, du patrimoine matériel jusqu’au patrimoine immatériel. Alors que les sociologues, les ethnologues, les juristes ou les urbanistes se sont précocement et intensément saisi de la question patrimoniale, les historiens sont longtemps apparus en retrait, préférant se concentrer sur les enjeux de mémoire, au risque parfois de confondre ces deux catégories d’analyse.
En se focalisant sur les acteurs et sur les pratiques opératoires qui participent à la fabrique du patrimoine (« nommer et normer », « conserver et transmettre », « restituer et réparer ») et en les confrontant à des horizons culturels variés, ce numéro spécial entend nourrir la réflexion collective pour réactiver une histoire politique et transnationale du patrimoine.
François Hartog, Le patrimoine, une politique du présent
Marie Cornu et Noé Wagener, Le patrimoine, un objet juridique
Michela Passini, Circulations culturelles et régime patrimonial
François Gasnault, L'avènement du patrimoine ethnologique
Julie Deschepper, Patrimoine soviétique, généalogie d’un concept
Christian Hottin, Histoire du label « Patrimoine du 20e siècle »
Adriana Escobar, Les mémoriaux cambodgiens
Thomas Grillot, Le patrimoine en pays sioux
Rémi Korman, La patrimonialisation des églises au Rwanda