Temporalités des droits et distance aux administrations-Les enjeux socio-temporels de l'urgence judiciaire dans les tribunaux de la famille ou les coulisses procédurales de l’ordonnance de protection-L’agenda de Mme De Matos. L’accueil sur rendez-vous dans les institutions du social comme outil de tri des populations Lire la suite
S' adresser à l’État pour obtenir un droit nécessite, avant même l’interaction au guichet ou à l’audience, de s’ajuster aux horaires d’ouverture, de répondre aux convocations ou aux rendez-vous, de maîtriser les délais administratifs et procéduraux, ou encore d’attendre son tour. Pour le sociologue argentin Javier Auyero, ces temporalités sont des ressources de subordination des pauvres qui transforment les demandeur·euses en « patients de l’État ». Ce dossier prolonge et discute ces analyses en plongeant au coeur des rapports que professionnel·les et usager·es entretiennent aux temporalités des droits. Il révèle la place qu’elles occupent dans les pratiques d’encadrement et la manière dont elles structurent les rapports de pouvoir entre administré·es et administrations.
Les contributions s’appuient sur des cas variés, allant des institutions judiciaires aux politiques urbaines, en passant par l’État social. Elles éclairent différents ressorts de la domination temporelle, dont la comparaison permet d’établir un constat partagé : produites à distance des usager·es, les temporalités des droits entretiennent également la distance qui les sépare des administrations. Au coeur de logiques de classement inégalitaires, elles accentuent notamment les distances qui séparent les fractions les plus pauvres de l’espace social de la possibilité de faire valoir leurs droits, tout en déstabilisant l’autonomie de leurs mondes privés. Ces derniers sont envahis par le poids des démarches tributaires de calendriers
incertains, désincarnés et dématérialisés, d’autant plus depuis les récentes réformes de modernisation de l’État.
Hors dossier, l’article de Thibault Ducloux décortique les ressorts sociologiques d’un cas de possession maléfique à l’entrée en prison, montrant comment cette attaque surnaturelle s’explique par la socialisation
carcérale et la trajectoire sociale.
Introduction – Temporalités des droits et distance aux administrations
Clara Deville et Charles Reveillere
Les enjeux socio-temporels de l'urgence judiciaire dans les tribunaux de la famille ou les coulisses procédurales de l’ordonnance de protection
Solenne Jouanneau
L’agenda de Mme De Matos. L’accueil sur rendez-vous dans les institutions du social comme outil de tri des populations
Clara Deville
Le pouvoir de prévoir, ou le droit de maîtriser le temps des autres. Professionnel·les et habitant·es face
aux temporalités des procédures du délogement
Charles Reveillere
VARIA
Sociogenèse d’une possession démoniaque en prison. Les vertus adaptatives d’une ressource vexatoire
en contexte de déculturation
Thibault Ducloux
EN LUTTE
La sociologie face à la question de la Palestine
Michael Burawoy
Traduit par Anton Perdoncin