Revue française de sociologie 60-2, avril-juin 2019

Plusieurs dizaines d'entretiens avec des « responsables diversité » de grandes entreprises françaises permettent à L. Bereni et D. Prud’homme de mettre au jour les manières dont ils investissent leur fonction. La posture de l’expert distancié, gestionnaire de projets, est la plus fréquente, mais deux autres apparaissent également : celle de l’expert critique ou militant professionnel, et celle de l’expert investi qui allie discours gestionnaire et engagement civique.
A. Meidani et A. Alessandrin tirent profit du volet français d’une recherche sur les expériences du cancer. À partir de nombreuses observations dans cinq établissements de soins et d’entretiens auprès de malades, de leurs proches et de professionnels soignants, ils étayent l’hypothèse selon laquelle les normes de genre concourent à définir l’expérience du cancer et l’expérience de soins. Les concepts et théories sont-ils fondamentalement des outils et instruments à la disposition du chercheur ? Ou bien faut-il aller jusqu’à les considérer comme des marqueurs d’appartenance ?
N. Heinich éclaire cette question importante en revenant sur les débats que la parution de Frame Analysis (Les cadres de l’expérience) d’Erving Goffman a suscités. Le structuralisme est-il le continuateur du holisme ? Y a-t-il synonymie du jeu et de l’agir ? La pluralité est elle le nouveau mantra des sociologues ? Quelle place la sociologie doit-elle faire aux sciences cognitives ? J.Giry discute ces quatre questions à partir de la confrontation de deux ouvrages récents – dus à M. Joly et J.-L. Fabiani – sur la sociologie de Pierre Bourdieu.
Constatant que l’étude des préjudices – discriminations, ségrégations ou exclusions – liés à l’âge occupe une place marginale en sociologie, J. Rennes dresse le cadre conceptuel de ce champ de recherche, contribue à celui-ci en distinguant âge chronologique, âge statutaire et âge corporel, et, enfin, illustre la fécondité de cette distinction analytique.