La critique n'est pas nouvelle ; apparue dès l'"échec" du Front populaire, elle est revenue depuis comme une antienne : les socialistes français seraient incompétents en matière économique. Un stéréotype ? Mathieu Fulla propose une histoire économique du politique qui met à mal les idées reçues et éclaire les débats actuels au sein de la gauche. Lire la suite
La critique n'est pas nouvelle. Apparue dès l'« échec » du Front populaire, elle est revenue depuis comme une antienne : les socialistes français seraient incompétents en matière économique. Mais ne s'agit-il pas d'un stéréotype ?
S’appuyant sur des sources et des témoignages inédits, Mathieu Fulla entreprend d’analyser les programmes économiques du parti socialiste, depuis les discussions entre experts jusqu’à leur intégration dans les discours partisans. Il propose ainsi une histoire économique du politique qui éclaire les débats actuels au sein de la gauche. Au fil de cet ouvrage, le lecteur apprendra notamment que, dès 1936, Léon Blum pratiquait la « détente fiscale » chère à Pierre Moscovici. Quant aux déclarations énamourées de Manuel Valls ou d’Emmanuel Macron aux entreprises, la perspective historique permet d’y voir, plutôt que l’acte de naissance d’un « social-libéralisme à la française », l’avènement d’un socialisme qui tend à préférer l’offre productive au relèvement du pouvoir d’achat des classes populaires.
INTRODUCTION
Peut-on faire l'économie de l'économie... à gauche ?
Pour une histoire économique du politique
L’expert engagé, figure centrale du socialisme économique
Économie et politique : la discordance des temps
I - L'EXERCICE DU POUVOIR SOUS CONTRAINTES (1944-1958)
Chapitre 1 / LES ILLUSIONS PERDUES DU DIRIGISME (1944-1946)
Préambule : un État, pour quoi faire (1918-1944) ?
Du dirigisme « maître de l’heure » à la Libération...
... au dirigisme trahi ?
Chapitre 2 / NI TOUT À FAIT MARXISTES NI TOUT À FAIT KEYNESIENS
DES SOCIALISTES EN PANNE D’AUTORITÉ (1947-1956)
Libéraliser pour sauver la République
Le primat du court terme
Le socialisme économique marginalisé
Chapitre 3 / AU POUVOIR
LE FARDEAU DE LA MAUVAISE RÉPUTATION (1956-1958)
La sourde hostilité des élites
Une politique économique sous le feu des critiques
Le socialisme économique dans la tourmente
II - RÉINVENTER UN SOCIALISME ÉCONOMIQUE (1958-1968)
Chapitre 4 / UNE NOUVELLE QUERELLE DES ANCIENS ET DES MODERNES (1958-1962) ?
Le conservatisme stratégique des molletistes
Aux marges de la « vieille maison » : la révolution par le Plan ?
Chapitre 5 / LA PLANIFICATION DÉMOCRATIQUE EN DÉBAT (1962-1965)
L’offensive néoplaniste des marges
La réceptivité limitée de la SFIO
L’art de la synthèse : la campagne présidentielle de François Mitterrand
Chapitre 6 / LE CONSENSUS PLANIFICATEUR
DE L’APOGÉE À L’ÉCLIPSE (1965-1968)
L’éphémère âge d’or « keynésiano-mendésiste »
Remarxiser le discours pour se rapprocher du PCF
III - L'UNION DE LA GAUCHE ENTRE MARX, KEYNES ET AUTOGESTION (1968-1974)
Chapitre 7 / REPEINDRE LES PROGRAMMES AUX COULEURS DE MAI
Dépasser l’alternative Marx ou Keynes
Le plan d’action socialiste, un « réformisme révolutionnaire » à contretemps
Chapitre 8 / LE PROGRAMME COMMUN À L'ÉPREUVE DE LA CRISE (1971-1974)
De Changer la vie au programme commun de la gauche : la solution « marxiste-keynésienne »
Un document polémique
Le socialisme économique « sur le fil du rasoir »
Chapitre 9 / LES « ÉCONOMISTES » DU PS
DES COURANTS ET DES HOMMES
Aux commandes de la « salle des machines » : les « politiques-experts »
Les conseillers du Prince
« Jeunes loups » ou « petites mains » ? Les experts du deuxième cercle
Des réseaux patronaux et syndicaux efficaces
IV - AJUSTER SANS REMORDS L'ÉCONOMIE POUR CONQUÉRIR LE POUVOIR (1974-1981)
Chapitre 10 / UN PROGRAMME PLUS SI COMMUN (1974-1977)
Promouvoir des contre-plans syncrétiques
Disharmonies économiques
Chapitre 11 / L'ÉCONOMIE EST UN SPORT DE COMBAT (1977-1979)
À l’heure de l’actualisation du programme commun : la pomme de discorde favorite des gauches
Les nationalisations, prétexte d’une rupture politique
La crise du socialisme économique
Chapitre 12 / LE MITTERRANDISME EST UN PRAGMATISME ÉCONOMIQUE (1979-1981)
La bipolarisation du PS
Retrouver un souffle programmatique
Le projet socialiste, un pseudo-tournant économique
Démythifier l’économie pour gagner
CONCLUSION
Le stéréotype d’incompétence temporairement neutralisé
« Captation-conversion-intégration » : la fabrique du discours économique socialiste
Un « tournant » qui vient de loin
De l’intérêt de la longue durée
De la « rupture avec le capitalisme » au gouvernement Valls : l’éclipse du socialisme à la demande ?
CHRONOLOGIE
SOURCES
BIBLIOGRAPHIE
INDEX
TABLE DES DOCUMENTS
Les socialistes français et l'économie (1944-1981)