De quelle éducation, de quelle culture les jeunes ont-ils besoin aujourd'hui pour devenir les citoyens de l'Europe et de la société globale ? Le concept de Bildung cosmopolite, introduit dans cet ouvrage, veut répondre à cette interrogation en explorant la façon dont des étudiants Erasmus, héritiers du Grand Tour du siècle des Lumières, font leur apprentissage des cultures européennes.
Aux yeux de cette génération, la seule familiarité avec une culture d'appartenance est désormais insuffisante.Élargir le cercle de sociabilité par des rencontres internationales, déchiffrer les codes et les comportements des autres pays, s'orienter dans l'entrelacs des types sociétaux d'Europe et se situer à différentes échelles (infranationale, nationale et transnationale), tels sont les piliers d'une éducation où prime la vertu d’ouverture.
Mais le cosmopolitisme des jeunes Européens ne saurait être compris comme une citoyenneté universelle. Il traduit plutôt un désir d’atteindre un horizon d’universalité en croisant d’autres modes d’existence et de pensée, tout en restant fortement attaché à son propre pays. Ainsi, l’on comprend que pour se déclarer Européen, il faille d’abord passer par une identité nationale.
Introduction
Globalisation et émergence d'une conscience cosmopolite
Le cosmopolitisme selon Ulrich Beck : une critique
Bâtir un rapport cosmopolite au monde
Une proposition : l'arc reflexif de la Bildung cosmopolite
I — Les promesses de la Bildung cosmopolite : une extension du champ des possibles
Chapitre 1 / Legs du voyage de formation et nouvel imaginaire cosmopolite
De l'utilité des voyages juvéniles
Après le Grand Tour : trois matrices du voyage de formation
Un ≪ être ensemble ≫ hédoniste dans un cadre cosmopolite européen
Chapitre 2 / Impératifs à vivre dans son monde
Vie bonne et pluralité
Incomplétude sur place et souci du monde
Chapitre 3 / L’esprit cosmopolite, entre vertus et utopie
Fraterniser
Connaître une autre culture
S’équiper de vertus cosmopolites
La face cachée des promesses
II — À l’épreuve de l’Autre : rencontres et dérobades
Chapitre 4 / Une position interstitielle
Entre-deux
Le dilemme du cosmopolite
La force de la parenthèse
Chapitre 5 / Rapprochements et approximations
La barrière et le pont : l’exemple de la langue
A chaque sociabilité sa justification cosmopolite
Chapitre 6 / La médiation des natifs
Quand les natifs se dérobent : les obligations contrariées de l’hospitalité
Des proxenoi des temps modernes
Chapitre 7 / L’être ensemble des internationaux
≪ Les amis de mes amis sont mes amis ≫
La place de la différence
Mondanités cosmopolites
Au-delà de la convivialité : la festivité
III — Un espace européen plus lisible : expliquer, s’orienter, se situer
Chapitre 8 / Au miroir des autres : la France vue par les Erasmus
Une altérite de voisinage : les cultures nationales
Deux parcours explicatifs
Chapitre 9 / Faire société en Europe
Axiomes d’une Europe cosmopolite
Prétentions et désaveux
Perfections des sociétés européennes : points cardinaux et types sociétaux
Empêtres dans les ambivalences
Chapitre 10 / Échelles d’appartenance en Europe
Frontières et appartenances
Retour sur l’appartenance nationale
Le singulier et le pluriel de l’Europe
Conclusion générale : Se reconnaître cosmopolite
Annexes : Récits de voyage et vérités sociologiques
La place du sociologue dans l’enquête
Le statut de la parole des interviewes
Entre réitération topique et libertés narratives
Le corpus des entretiens
Les voyages forment la jeunesse