À partir de l'exemple français, Mathieu Bidaux remonte aux sources historiques de la fabrication et de la diffusion de la monnaie fiduciaire pour expliquer la confiance qu'elle continue d’inspirer aujourd’hui. Lire la suite
À l'âge de la dématérialisation, il est tentant de prophétiser la disparition prochaine du billet de banque. Ce serait faire peu de cas de la sécurité qu'il offre face aux paiements en ligne, aux pannes et attaques informatiques des systèmes bancaires, pour ne rien dire de l’anonymat et de la tranquillité qu’il procure aux consommateurs.
À partir de l’exemple français, Mathieu Bidaux remonte aux sources historiques de la fabrication et de la diffusion de la monnaie fiduciaire pour expliquer la confiance qu’elle continue d’inspirer aujourd’hui. Dès 1800, afin de procurer un moyen de paiement robuste à sa clientèle, la Banque de France entoure de précautions la confection de ses billets. Tout au long du XIXe siècle, elle redouble d’innovations pour mettre cet artefact éminemment technique à l’abri des faussaires, industrialisant progressivement sa production pour répondre aux besoins croissants. Sous la pression des événements, guerres et révolutions, et avec prudence, elle abaisse la valeur faciale des coupures pour les rendre de plus en plus accessibles, tout en veillant à ce que le cours forcé les désolidarise de leur contrepartie métallique. Si bien que, pendant la première guerre mondiale, le billet de banque se démocratise définitivement, et sa valeur d’échange est pleinement reconnue.
Préface
Introduction
PREMIÈRE PARTIE – CONSTRUIRE LA LÉGITIMITÉ DES BILLETS : LE RESPECT DES BESOINS MONÉTAIRES (1800-1914)
Chapitre 1 – L'évaluation du besoin et le recours à la loi
Les débuts du billet en France : histoire d'un « traumatisme » collectif
Une banque d'émission : un modèle économique rentable
La chaîne d’évaluation du besoin monétaire : contrôle ou frein à la création des coupures ?
Conclusion
Chapitre 2 – La résistance aux « petites coupures » : une illustration de la prudence de la Banque de France
L’apparition du billet de 5 000 F : une illustration de la conception du billet à la Banque de France
Le refus de la coupure de 250 F : la mise en évidence d’un système monétaire conservateur
La longue naissance de la coupure de 200 F
Conclusion
Chapitre 3 – Des coupures nées de crises monétaires : des besoins indiscutables
La création du billet de 100 F : une chaîne d’évaluation du besoin monétaire pressée par la situation politique
Prévoir l’imprévisible en 1848 : les coupures de 50 F et de 25 F
Le billet de 50 F né sous la pression parlementaire et journalistique : la prise en compte d’un besoin populaire (1857-1864)
L’émission des 25 F, 20 F et 5 F (1870-1872) : des billets vus comme des bons de nécessité « officiels » ?
L’émission du billet de 10 F pendant la première guerre mondiale
Conclusion
DEUXIÈME PARTIE – CONSTRUIRE LES CONDITIONS TECHNIQUES DE LA CONFIANCE (1800-1914)
Chapitre 4 – La création du billet : inspirer une confiance matérielle dans l’objet
Les besoins et la contrefaçon comme moteurs de la conception du billet et de l’innovation industrielle
Contre les faussaires : dessiner une vignette difficile à reproduire à la main et à reporter en gravure
L’artiste maître de sa vignette (1803-1849)
La montée de l’expert dans l’élaboration de la vignette (1849-1861)
L’émergence de la vignette étudiée scientifiquement (1861-1872)
1873 : l’apparition de la vignette servant « de fond de sécurité »
La stratégie de défense de la Banque de France : des billets imprimés en typographie
Créer une forme d’adhésion aux représentations de la monnaie fiduciaire
Conclusion
Chapitre 5 – De la fabrique à l’usine : le temps de l’atelier à la Fabrication des billets (1800-1861)
Une activité papetière sous-traitée
Un modeste premier atelier d’impression
1848, une première industrialisation à l’imprimerie : augmentation du nombre de presses et adoption de la galvanoplastie
Poussée et recul de l’industrialisation
Conclusion
Chapitre 6 – Organisation progressive d’une imprimerie industrielle et perfectionnements du circuit de fabrication (1861-1866)
La mécanisation de l’imprimerie, la longue émergence d’un circuit de fabrication et d’un laboratoire scientifique
Théophile Delarue et Claude Pouillet : la figure du savant-consultant et son rôle dans le perfectionnement du circuit de fabrication (1847-1849)
Une organisation empirique des ateliers
La mobilisation des membres de la Société française de photographie et des grandes écoles d’ingénieurs
L’embauche de Saulnier : l’apparition de l’ingénieur-civil et la montée de la rationalisation de la production
Conclusion
TROISIÈME PARTIE – ENTRETENIR LA CONFIANCE MATÉRIELLE DU BILLET : CONCEPTION ET ADAPTATION D’UN PROCESSUS DE FABRICATION DE QUALITÉ (1866-1914)
Chapitre 7 – Les réformes de Frédéric Ermel : apparition de presses perfectionnées, augmentation de la productivité, internalisation des tâches contre les retards
1865 : le passage aux numéroteurs mécaniques Derriey
L’atelier décrit par Maxime Du Camp en 1869
La multiplication des ateliers d’imprimerie sous la pression des besoins liés aux événements de 1870-1871 : les imprimeries de Clermont-Ferrand (septembre 1870-juin 1871), de l’impasse Bonne-Nouvelle (1871) et de la rue d’Hauteville (1871-1er juillet 1880)
Conclusion
Chapitre 8 – La synchronisation des ateliers
Le projet de papeterie ressurgit
La création de la papeterie de Biercy (1875) : un exemple de rationalisation précoce ?
Veiller à la qualité du processus de fabrication : une adaptation du circuit de fabrication pour une sécurisation et un rendement meilleurs
L’imprimerie durant les années 1880 : une diversité des presses pour des utilisations spécifiques
L’industrialisation au secours de la destruction des billets hors d’usage
La galvanoplastie et les progrès des techniques de fabrication des matrices d’imprimerie
Conclusion
Chapitre 9 – Innover et rester à la pointe des techniques de l’industrie pour combattre les contrefaçons (1891-1914)
La constitution d’une clientèle privée et publique française, coloniale et étrangère (1851-1920)
Conserver une clientèle internationale pour sécuriser le savoir-faire
La résistance du Conseil général à l’industrialisation de la Fabrication des billets
L’affirmation d’une école française du billet
Deux affaires imposent le renforcement de la sécurité du billet de la Banque de France : les faux de 1888 et l’affaire Schlumberger
La ramie et le coton comme matières premières du papier : un choix pour la sécurité
Le passage aux billets en quatre couleurs (1891-1910)
Le temps de la maîtrise du budget : contrôle resserré du prix de revient et constitution de stocks
Conclusion
Conclusion générale
Annexes
Sources
Bibliographie
Liste des tableaux et figures