L'espace monétaire européen est le cœur de l'espace marchand mondial au XVIe siècle. Les auteurs montrent l'existence d'un espace monétaire autonome, celui du change, fonctionnement règle dans une grande mesure la circulation des marchandises. Lire la suite
L'espace monétaire européen est, au XVIe siècle, le cœur de l'espace marchand mondial.
Contrairement au point de vue traditionnel qui fait de la monnaie un simple instrument pour des échanges commerciaux, obéissant à leur logique, les auteurs montrent l'existence d'un espace monétaire autonome, celui du change, dont le fonctionnement règle dans une grande mesure la circulation des marchandises.
Cette géographie monétaire est caractérisée par l'articulation entre deux pôles : un petit nombre de firmes « multinationales » familiales, pratiquant le change « par art » parallèlement au commerce ou à la finance, et des pouvoirs étatiques en formation, disposant du monnayage des espèces métalliques. La foire centrale (Lyon puis « Bisenzone ») est le lieu de cette articulation, où se polarisent les tensions du continent en un système de cours des monnaies de change nationales. Ainsi, les relations monétaires apparaissent-elles comme un mode nouveau d'utilisation individuelle de ces langages sociaux que sont les unités de compte, mode complétant et combattant des pouvoirs étatiques morcelés.
Un siècle avant la naissance des banques d'émission, la monnaie constitue une articulation spécifique de pratiques privées et de prérogatives publiques : un mode de socialité.