Toute une série de biais cognitifs nous empêchent de prendre des décisions rationnelles : conformisme, aversion pour la perte, surestime de soi, préférence pour le court terme, etc. Ce crédo des économistes et des psychologues comportementalistes a été repris à leur compte par les pouvoirs publics afin d'orienter les choix de leur concitoyens. Lire la suite
Toute une série de biais cognitifs nous empêchent de prendre des décisions rationnelles : conformisme, aversion pour la perte, surestime de soi, préférence pour le court terme, etc. Ce crédo des économistes et des psychologues comportementalistes a été repris à leur compte par les pouvoirs publics de nombreux pays, afin d'orienter les choix de leurs concitoyens. Nous sommes ainsi considérés comme des donneurs d'organes par défaut, nos enfants sont tenus à distance des frites dans les cantines, les détecteurs de vitesse nous font la grimace ou nous sourient, on nous informe que nous recyclons moins que le voisin…
Faciles à mettre en œuvre, peu onéreux, ces nudges (de l'anglais « pousser du coude »), qui nous font modifier nos comportements sans que nous ayons à y réfléchir, sont devenus l’alpha et l’omega de la résolution des problèmes de société. Mais peut-on réduire l’action publique à une affaire de comportements individuels ?
Une analyse critique des savoirs comportementaux et de leur application s’impose, afin d’en comprendre le succès et d’en montrer les limites.
Introduction
I. L'ÉCONOMIE COMPORTEMENTALE DANS LEMONDE ACADÉMIQUE : UNE SUCCESS-STORY
Saisir l'économie comportementale dans sa diversité
Vingt-cinq ans d'économie comportementale : le triomphe des approches psychologiques
Vie et destin de l'économie institutionnelle et de la rationalité limitée
La neuroéconomie ou les habits neufs de l'expérimentation comportementale
II. CORRIGER LES BIAIS
Essor de la politique du nudge
Les nudges en France
Les raisons du succès
III. TOUT EST-IL AFFAIRE DE COMPORTEMENT ?
Une rationalité systématiquement biaisée
Des acteurs sans capacité d'apprentissage ni réflexivité
Des individus face à des (architectures de) choix
Le bien commun peut-il être la somme des modifications comportementales individuelles ?
Conclusion
Bibliographie