Historiens, politistes, économistes, archivistes et grands témoins font revivre les temps forts d'une gauche de gouvernement aux prises avec la fin de la guerre froide et proposent une réflexion sur les limites que la Ve République impose au pouvoir du Premier ministre. Lire la suite
Les trois ans et cinq jours que Michel Rocard a passés à Matignon ont laissé peu de souvenirs dans la mémoire collective. Sans majorité au Parlement, coincé dans un tête-à-tête empreint de méfiance avec François Mitterrand, le champion de la « deuxième gauche » n'aurait pas su, selon le procès qui lui a été fait, incarner une autre pratique socialiste du pouvoir et se serait contenté de gérer le quotidien. L’accès récent aux archives publiques et à ses archives personnelles éclaire d’un jour nouveau le Premier ministre Michel Rocard. Son oeuvre législative, symbolisée par la création du RMI et de la CSG, a résisté au temps. Respectueux des vastes domaines réservés de la présidence, il a su rétablir la paix en Nouvelle-Calédonie, moderniser l’État, promouvoir la rénovation de l’Éducation nationale...
Historiens, politistes, économistes, archivistes et grands témoins font revivre les temps forts d’une gauche de gouvernement aux prises avec la fin de la guerre froide et proposent une réflexion sur les limites que la Ve République impose au pouvoir du Premier ministre.
Introduction
Mathieu Fulla et Alain Bergounioux
Prologue
Vivien Richard et Zénaïde Romaneix
I — DEVENIR PREMIER MINISTRE
Chapitre 1 – François Mitterrand et Michel Rocard
François Stasse
Une fracture originelle
Deux cultures
Quatre convergences
Chapitre 2 – La deuxième gauche : quelles idées, quel projet ?
Alain Bergounioux
Le legs des années PSU
Face à la « première gauche »
Face à la rigueur
Chapitre 3 – Le moment 1988
Jérôme Jaffré
La campagne présidentielle : quatre mois de complicité
La désignation de Michel Rocard à Matignon
Les méandres de l'ouverture
Les socialistes responsables de l’échec ?
Une victoire de justesse, un effet paradoxal
II — AGIR SOUS SURVEILLANCE
Chapitre 4 – Du parler-vrai au Parlement ?
Les gouvernements Rocard, l’Assemblée nationale et le Sénat
Olivier Rozenberg
Les raisons d’un succès
Le Parlement, une ressource en période de cohabitation froide
Rocardisme et parlementarisme
Chapitre 5 – Michel Rocard et le Parti socialiste (1988-1991)
Gérard Grunberg
Le Parti socialiste comme acteur dans la configuration du pouvoir socialiste
Le Parti socialiste comme enjeu
Chapitre 6 – Michel Rocard à Matignon. Une communication paradoxale ?
Pierre-Emmanuel Guigo
Un Premier ministre discret
Une situation politique qui impose une communication mesurée
La communication gouvernementale selon Michel Rocard
III — LA « MÉTHODE ROCARD » EN ACTION
Chapitre 7 – Un cabinet atypique ?
Mathieu Fulla
Le cabinet, point de convergence de strates rocardiennes et non rocardiennes
Un cabinet sociologiquement comme les autres qui n’exclut pas quelques singularités
Une administration rocardienne des hommes ?
La vie quotidienne à Matignon
Chapitre 8 – Michel Rocard et la Nouvelle-Calédonie. Une décolonisation dans la République
Sarah Mohamed-Gaillard
Une lecture du malaise calédonien guidée par des convictions anticoloniales et un désir de paix
La Nouvelle-Calédonie : la « méthode Rocard » à l’épreuve des faits
Faire vivre les accords pour engager la Nouvelle-Calédonie dans une décolonisation impulsée par la République
Chapitre 9 – Moderniser l’État. Michel Rocard et le renouveau du service public
Philippe Bezes et Alain Chatriot
Les conditions d’élaboration du renouveau du service public : des idées en contexte
La mise en forme du renouveau du service public et son investissement par le Premier ministre
La dynamique d’action collective du renouveau du service public
Chapitre 10 – Le financement des activités politiques, entre contrôle et amnistie
Claire Andrieu
Une réforme significative qui s’inscrit dans un continuum législatif
Une loi de moralisation entachée d’une contradiction : l’amnistie des infractions
Chapitre 11 – Le RMI, pas si rocardien ?
Matthieu Tracol
Une idée dans l’air du temps
Le cabinet Rocard face au RMI
Chapitre 12 – Michel Rocard et les syndicats. Ou la recherche d’un nouveau dialogue social
Guy Groux et Michel Noblecourt
Une vision sociale-démocrate spécifique
La négociation plutôt que la loi
Les réformes ou les vertus du faire : le cas des PTT
La montée des conflits et des radicalités
Une initiative réformiste avortée, des états-majors syndicaux défiants
IV — LES LIMITES DE LA MÉTHODE
Chapitre 13 – « Faire rentrer la justice sociale dans la balance des paiements ». La politique macro-économique de Michel Rocard
Antony Burlaud
Archéologie des « Rocardonomics »
Un système de contraintes
Rocard à l’ouvrage
Chapitre 14 – Michel Rocard et la politique du système productif
Élie Cohen
Gouverner à la charnière de deux mondes
La réforme des PTT
Ni nationalisation ni privatisation : la vieille querelle tranchée
L’ESS une alternative à la logique capitaliste
Chapitre 15 – Un réformisme empêché ? Michel Rocard et l’éducation (1988-1991)
Ismail Ferhat
Quel est le (ou les) projet(s) éducatif(s) de Michel Rocard en 1988 ?
L’éducation comme rapport de force au sein de l’exécutif (1988-1989)
Les rocardiens et l’école : entre contraintes politiques et action interstitielle (1989-1991)
Chapitre 16 – Les intellectuels, la culture et Michel Rocard
Témoignage de Pierre Encrevé†
V — MICHEL ROCARD AU-DELÀ DE LA FRANCE
Chapitre 17 – Michel Rocard au regard de la social-démocratie européenne
Michele Di Donato
Un social-démocrate dans le PS ?
Les sociaux-démocrates européens face au Premier ministre Michel Rocard
Chapitre 18 – Michel Rocard au sein de la social-démocratie européenne
Christophe Sente
Un Premier ministre inscrit dans une tradition intellectuelle européenne
Un acteur de la social-démocratie européenne
Chapitre 19 – Michel Rocard, vu d’Allemagne
Témoignage de Veronika Isenberg, secrétaire international adjoint du Parti social-démocrate allemand (SPD) de 1970 à 1997
Le Premier ministre
Des contacts avec le SPD remontant aux années 1970
Michel Rocard et la Communauté européenne durant la décennie 1980
Politique de sécurité
Conclusion
Marc Lazar